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Télétravail : "Je t'aime, moi non plus"

  • lroche1240
  • 27 juin
  • 3 min de lecture

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Photo Christian Hartmann - Reuters


Si le temps de télétravail est trop important, il n’est pas vrai, même si nous pensons l’être, que nous soyons plus productifs. À être trop coupés de la vraie vie de l’entreprise, des liens et expériences aux autres, de l’informel extrêmement vivant, nous perdons infiniment plus que ce que nous gagnons.

 

Isolement, incompréhension ; pertes de repères ; hyper-connexion au travail mais aussi ennui ; difficulté à gérer son autonomie ; à arbitrer entre vie professionnelle et vie privée ; et ce joli titre de Philosophie magazine : Mes pâtes ont le goût de mes mails ; anxiété mais aussi sidération ; sommeil perturbé ; sentiment d’injustice ; grande colère, souvent déniée ; dépréciation de son image mais aussi dépression ; décompensation physique, psychologique... Terribles effets du télétravail lorsque celui-ci est imposé sur un temps long et à plus de 50% du temps de travail. Je ne parle-là que des effets sur les personnes. À entendre, pour les 44% des françaises et des français qui peuvent être concernés par le télétravail.

 

Poussé trop loin – quand « ma petite entreprise » se substitue « à l’entreprise » – le télétravail, pourtant vertueux - je parle-là d'une façon général, interviennent bien sûr, les domaines, les fonctions, les réalités du terrain... - quand il est inférieur à 50% du temps de travail, devient vite destructeur de valeur au-delà.


C’est ce qui se joue quand nous ne sommes mus que par la nécessité. Écho d’un titre de Jacques Monod, emprunt à Démocrite, où manque son pendant, dont l’étymologie renvoie à chance, littéralement au coup de dés : le hasard.

Hasard de la rencontre, avec celle ou celui qui vient en face. Hasard qui fonde, comme le voulait Hegel, une part de l’histoire. Pour chacune et chacun d’entre nous, l’histoire, cette fois en train de se faire, de son entreprise, de son organisation.

 

Le travail ne peut pas être réduit au seul nécessaire à faire. Le travail, ce n’est pas seulement ce que je peux faire de mon ordinateur dans mon salon. Le travail, c’est aussi le contingent. Ce qui compte dans le travail, c’est aussi ce qui n’est pas compté. Ce qui n’apparaît pas dans les plans de charge. Ce qui ne donne pas lieu à évaluation. Le travail, c’est aussi ce temps de la rencontre, ce temps où je construis des relations avec les personnes avec qui je travaille. Des interactions qui sont toujours, pour être vraies, d’abord des interactions physiques, corporelles. Dans une rencontre, et y compris au travail, que ce soit entre deux personnes ou davantage, ce sont toujours et d’abord des corps qui se parlent. Comme pour le management, c’est toujours et d’abord du subjectif, des émotions, du ressenti. Seulement après vient le temps de l’objectivation, du rationnel, des réponses à formuler en termes d’actions. Le verbe, au travail du moins, n’est pas au commencement !

 

Hasard des interactions, dans un couloir, à la machine à café. Hasard qui fait ouverture à un autre hasard, désordre à tout ordre du jour, celui du doute, de la réflexion, d’une pensée différente. « Tout peut devenir occasion pour une conscience en verve capable de féconder le hasard » (Jankélévitch). De là peut naître un accord, mais aussi un désaccord ; un point de vue autre ; un effet de surprise ; une question là où était une certitude...

 

Matérialisme de la rencontre et de l’échange sur le lieu de travail, vrai aussi des petits riens que l’on partage. Vrai aussi des règles de civilités trop faciles à oublier par écran interposé. Ces petits riens qui font le tout parce qu’ils créent du lien social, et donnent de la densité, du sens à un travail qui n’est plus que vide quand il fait repli et chacun pour soi. Symptôme de cet enfermement, dans l’enfermement du chez soi, et comme nous avions pu le mesurer à ce moment-là, la peur de nombreuses personnes à revenir sur le lieu de travail, les pics de la crise sanitaire derrière nous.

 

Ces bavardages que les Anglais appellent small talk, ce lien et expérience à l’autre dans une entreprise, c’est ce qui fonde du vivant. Une réciprocité, une coexistence, d’où peut naître un progrès mais aussi du bien-être au travail. Pour l’organisation, pour les autres, pour soi, et donc pour la réussite de l’entreprise.

 
 
 

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