2026 : Pour une métropole Grenoble Alpes à... peser !
- lroche1240
- 7 juin
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Dernière mise à jour : 28 oct.

Article repris par Èv.M. et publié dans le Dauphiné Libéré du samedi 24 mai sous le titre "Loïck Roche donne sa vision de la Métropole en vue de 2026" (
Grenoble est aujourd’hui la seule grande ville française écartée de la direction de sa métropole. À Toulouse, Lyon, Nantes, Lille ou Strasbourg, la ville-centre est aux commandes. Alors, pourquoi, « ici, ici », faire simple quand on peut faire compliqué ?
Si la Métro, aux mains d’équipages de communes parfois dix ou vingt fois moins peuplées que Grenoble, n’est évidemment pas un bateau ivre, et si, par essence, la gouvernance d’une Métro, n’est jamais un fleuve tranquille, il n’empêche, cette même gouvernance, minée par des logiques de blocage, des rivalités comme on en a seuls le secret, et des compromis technocratiques déconnectés du terrain, se retrouve bien souvent, comme les haleurs pris pour cible chez Rimbaud, entravée, nue, clouée à des poteaux aux seules couleurs politiciennes.
Le constat est sévère ! D’aucun dirait facile. Des politiques publiques fragmentées, des projets d’intérêt général bloqués. Des retards sur les grands chantiers structurants. Une qualité de service qui se dégrade. Des commerçantes et des commerçants désorientés – c’est un euphémisme – des habitantes et des habitants qui perdent confiance – je ne vous la fais pas ! Et pendant ce temps... les défis s’accumulent : un ascenseur de la solidarité en panne ; une politique de la diversité et de l’inclusion, vous aurez reconnu mon antienne, à l’arrêt ; des inégalités scolaires et sociales qui explosent, tout autant mon combat ; une jeunesse en panne de perspectives ; un sentiment d’insécurité croissant ; des espaces publics délaissés, et déjà du... public. Même la qualité de l’air, un oxymore aujourd’hui, ce qui est un comble pour une ex-Capitale verte... Là, on n’est plus chez Rimbaud, c’est du catalogue, du Prévert.
L’enjeu n’est pas symbolique, il est vital. Grenoble concentre les principaux enjeux métropolitains : services d’intérêt collectif, prévention de la délinquance, mobilité, voiries, politique de la ville, politique du cadre de vie, gestion des déchets, lutte contre la pollution de l'air, lutte contre les nuisances sonores, contribution à la transition énergétique. C’est là que beaucoup des tensions se cristallisent. Or, c’est bien là, à la Métro, par l’exercice de ces compétences en lieu et place des communes, que tout se joue, ou presque. C’est dire ! Même les pistes cyclables à contresens ! C’est là, sans doute, notre côté Laboratoire... On laissera aux mairies, ce n’est pas une paille, les équipements de proximité : les écoles primaires ; les bibliothèques – on en parle ? – les équipements sportifs de quartier ; mais aussi la vie associative, culturelle ; la sécurité et la police municipale...
Une métropole forte a besoin d’une ville-centre forte
J’enfonce là la Porte de France, cette situation n’est évidemment pas tenable. Il ne s’agit pas pour Grenoble de dominer, il y a bien des sommets alentour pour calmer les ego, et moins encore d’hégémonie – beaucoup de la place, d’ailleurs, devra être laissée aux élus des communes plus petites.
Non, ce qu’il s’agit de faire, c’est remettre l’envers à l’endroit, c’est remettre de l’énergie propre dans le système. C’est remettre Grenoble au centre du territoire. Pour entraîner, coconstruire, donner les moyens à la Métro d’ouvrir de nouvelles perspectives pour l’ensemble des habitantes et des habitants du territoire. Pour faire court, pour lui donner les moyens de faire son job !
Ce qui est en cause, ce n’est pas seulement l’efficacité de l’action publique, c’est la démocratie participative de nos communes. Peut-on accepter que les élus de la ville qui représente un tiers de la population soient systématiquement tenus à distance des décisions structurantes ? Oh, debout les gars, réveillez-vous, il va falloir en mettre un coup ! Vous connaissez la chanson. Oui, peut-on longtemps continuer à ignorer la réalité démographique, sociale, économique du territoire, au nom d’un équilibre artificiel, certes joli sur la carte, mais qui se perd en détail sur les coteaux.
Oui, il est temps !
Temps de rompre avec cette exception grenobloise qui nous tire vers le bas. C’est là un luxe que l’endettement de la Ville et de la Métro ne nous permet plus de nous payer.
Temps de redonner à Grenoble le rôle de ville-centre qu’elle n’aurait jamais dû perdre.
Temps, parce qu’on n’est pas des... quand mêmes, de redevenir un peu sérieux. Quand bien même la Métropole fêtera bientôt ses 17 ans et qu’on a des tilleuls verts à la Mairie...
Temps, pour 2026, de s’engager pour une métropole qui avance, pour un territoire, pour de vrai, à la hauteur des défis qui sont les nôtres. Un territoire, à la hauteur, pour tout dire, du premier vivant lorsque qu’on y parle de la Planète et du vivant : ses habitantes et ses habitants.



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