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La résilience : Diktat ou Vertu ?

  • lroche1240
  • 21 juil.
  • 4 min de lecture

Tout le monde n’est pas Mike Horn qui, à 18 ans, perd son père, puis perdra sa sœur, sa femme, sa mère. Qui aura tout perdu dans la vie. Et, après avoir pensé que tout se liguait contre lui, la nature, les personnes, la vie en général, trouvera la force, après avoir longtemps été un sans-abri, de voir du positif. Cette petite lumière au fond du tunnel qui va raviver ce petit feu que chacun porte en lui et réussir à changer le cours et le parcours de sa vie.

Tout le monde n’est pas Louis Zamperini, 8e au 5000 mètres des Jeux de Berlin, qui, pendant la seconde guerre mondiale, va faire preuve d’une capacité presque surnaturelle : survivre à un crash d’avion, puis à 47 jours de dérive dans le Pacifique et, des semaines durant, à la torture dans un camp japonais.

« Deux âmes marquées, résilientes, qui ont su, mieux que quiconque, combien la lumière du présent peut parfois cacher les ombres d’un passé insoutenable. »

 


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La résilience, pourtant, ne s’adresse pas qu’aux héros aux vies extrêmes. Elle ne se vit pas seulement dans la succession des drames, en haute mer ou en territoire hostile. La résilience se joue aussi dans notre quotidien. Dans nos vies.

 

    *

 

Si l’on parle beaucoup de résilience, ce mot, pourtant, n’a rien de nouveau. Il apparaît dès 1626 sous la plume du philosophe Francis Bacon. Deux siècles plus tard, en 1818, l’ingénieur Thomas Tredgold l’utilise pour désigner la capacité des métaux à résister aux chocs sans se briser. 

C’est au XXe siècle que la résilience entre dans le champ de la psychologie. La chercheuse américaine Emmy Werner observe comment certains enfants, exposés à des environnements gravement défavorables, parviennent néanmoins à se construire une vie stable. Elle introduit alors l’idée qu’une personne peut transformer une épreuve en force vitale.

En France, c’est Boris Cyrulnik qui popularisera le concept. Boris Cyrulnik définit la résilience comme « la capacité d'une personne ou d'un groupe à continuer à se développer en dépit d'événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes sévères. »

 

Être résilient, c’est cela : réussir, au-delà de ce qui nous arrive, à persévérer dans son être. Forcer le destin. Créer de nouvelles lignes de vie.

 

C’est là le sens profond du poème If de Rudyard Kipling :

« Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie,Et sans dire un seul mot te remettre à rebâtir…Tu seras un homme, mon fils. »

Un poème emblématique dont on retrouve deux vers inscrits à l’entrée du court central de Wimbledon :

« Si tu peux rencontrer l’échec et le succès,Et traiter ces deux imposteurs de la même façon. »

 

    *

 

Aujourd’hui, la résilience est partout présente. Résilience devenue quasi-mot-valise, résilience à toutes les sauces – qu’il s’agisse de parler des individus, des territoires, des organisations, des écosystèmes.

Mais aussi, résilience aujourd’hui devenue une injonction. Véritable diktat !

Diktat au culte de la performance. Diktat à la « parfaitude ». Droit à la fragilité ? No way !

En quelque sorte : Être fort ou ne pas être !

 

Appel paradoxal à la toute-puissance pour réparer l’impuissance – en réponse à des contextes variés : catastrophes, crises sanitaires, économiques, sociales, perturbations en tous genres et multiformes (Clara Villar et Michel David).

 

Double peine alors, et tout particulièrement lorsqu’il s’agit des personnes. Non seulement, subir les foudres du destin, mais aussi se montrer impuissant à les surmonter. Subir le traumatisme, et se montrer dans l’incapacité à être résilient.

 

Non, il n’est pas vrai que tout puisse être surmonté.

Non, il n’est pas vrai que toutes et tous, nous en soyons capables.

Non, il n’est pas vrai que tout ce qui ne nous tue pas nous rende plus forts.

 

Les traumatismes, cela peut nous laisser exsangues. Pleins de ruines à l’intérieur. Écho aux mots d’Henri Calet : « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes ».

 

    *

 

Pour s'ancrer dans l'espoir, même quand le présent semble insurmontable, il faut prendre la mesure du traumatisme vécu. Reconnaître la douleur, les pertes, les tensions..., avant tout pouvoir de reconstruction sur de nouvelles bases. 

La résilience, cela commence alors par l’acceptation. L’introspection, le creusement de la pensée sur elle-même.

« Celui qui veut voir l’arc-en-ciel doit apprendre à aimer la pluie » (Paulo Coelho).

La résilience, alors, n’a rien d’une posture héroïque. C’est un travail. Un dur travail. Un processus. Un long processus. Une discipline.

La résilience, cela demande du temps. « Tomber sept fois, se relever huit ».

La résilience, cela demande de la bienveillance. Cela demande du courage. La résilience, alors, peut être – et c’est là sa vertu la plus haute – l’une des plus belles formes de liberté (Sylvain Seyrig).

« Dans les grandes épreuves de la vie, le cœur se brise ou le cœur se bronze ! » (Balzac).

 

    *

 

« Personne [ne doit prétendre] que la résilience est une recette de bonheur. C’est une stratégie de lutte contre le malheur qui permet d’arracher du plaisir à vivre, malgré le murmure des fantômes au fond de sa mémoire » (Boris Cyrulnik).

Demeure, quels que soient les traumatismes, le choix de l’attitude (Giorgio Agamben).

Demeure cette philosophie de vie : comprendre, au-delà de l’importance de ce qui nous arrive, l’importance de pouvoir en faire quelque chose.

 
 
 

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